Il existe dans la campagne anglaise, un centre ultra-secret de vivisection HLS (Huntingdon Life Sciences). C’est le plus grand laboratoire d’Europe. Sur ses agissements, il n’existe que deux témoignages. Accablants. L’un porte sur les conditions épouvantables d’expérimentations sur les singes (voir l’article de The Observer), l’autre sur les brutalités auxquelles sont soumises des chiens.
Caméra cachée
Grâce à la BUAV (Union britannique pour l’abolition de la vivisection), le représentant anglais de la Coalition européenne pour mettre fin à l’expérimentation animale, une femme a réussi à se faire embaucher par HLS et à filmer en caméra cachée ce qui se passe. Intitulé « Une vie de chien », le film est passé le 26 mars 1997 sur Channel 4. Il a suscité une immense vague d’indignation, qui a dépassé le cadre de l’Angleterre, a fait perdre à HLS de nombreux contrats et a failli même le conduire à la faillite et à l’interdiction d’exercer. Failli, seulement, hélas.
Témoignage incontestable
Ce laboratoire emploie 1500 employés. Ils testent des ingrédients, des médicaments et des produits chimiques (pesticides, fongicides et autres poisons déversés dans la nature). Ils travaillent pour 30 des 50 plus gros laboratoires pharmaceutiques mondiaux.
Zoé Broughton, une habitante de la région, obtient un emploi dans cette usine de mort. Elle y a passe deux mois, munie d’une caméra miniature presque indécelable. Cela afin d’obtenir un témoignage incontestable.
Béton et sciure
Que voit-on dans un labo ? L’horreur banale de tous les jours, et parfois un peu de sadisme en prime. Une faute due au système, plus qu’à des individus. La loi anglaise exige que tous les animaux aient un endroit pour se coucher. Mais à HLS, les beagles n’ont que le béton et un peu de sciure. Les inspections officielles, régulièrement menées là, n’ont rien repéré. Cela a du leur échapper.
La sciure, parlons-en. Zoé veut en mettre une pleine pelle par chien, mais on lui dit clairement que la norme pour faire des économies, c’est une demi-pelle par jour. Ces animaux devraient aussi avoir la possibilité de faire de l’exercice, mais elle est réduite au strict minimum : une demi-heure par jour dans un couloir central entre les barreaux de leurs boxes.
Piqûres à répétition
On voit des employés qui « tâtonnent » lamentablement en cherchant une veine. Ce sont théoriquement des professionnels, et pourtant ils piquent et repiquent encore et encore jusqu’à ce qu’ils trouvent, parfois pendant une trentaine de secondes. Manifestement, ça les agace parce que ça leur fait perdre du temps. Les chiots couinent de douleur et se débattent sous l’aiguille, mais la souffrance n’entre pas en ligne de compte.
Plus ils bougent, plus c’est difficile ; alors les employés se mettent en colère contre ces sales chiens qui osent se débattre plutôt que de se laisser charcuter tranquillement. Dans le meilleur des cas, les animaliers hurlent et les pauvres chiens terrifiés gémissent en urinant sous eux. Souvent, on les secoue brutalement, on les frappe, on leur donne de grands coups de poing dans la tête sous le regard des autres employés. Certains en rient…
Charcuter dans la joie
Il y a d’ailleurs des petits plaisantins dans ce milieu. Comme un technicien ne parvient pas facilement à planter l’aiguille dans le cou du chien dont la plaie est béante, on voit l’un de ses collègues farceurs s’approcher et faire bouger ses lunettes devant ses yeux, histoire de lui faciliter la tâche. Puis le même individu passe par-derrière et fait mine de le sodomiser, le faisant bouger dans son travail délicat. Les autres s’esclaffent bêtement. On peut torturer et rigoler en même temps.
Le temps passe, et les chiens dépérissent sous l’influence des produits. Une souffrance lancinante qui les ronge. Ils seront euthanasiés puis découpés pour analyses : rien que du très banal, mais on en parle peu et on ne le voit jamais, sauf quand on fait partie du personnel.
Doses imprécises
Des employés admettent qu’ils ne donnent pas les bonnes doses de produits chimiques : soit ils se trompent dans la pesée, soit ils arrondissent pour aller plus vite. Dans le pire des cas, l’erreur est au niveau d’une décimale. Ce qui revient à dire que l’animal reçoit dix fois trop ou dix fois trop peu de produit. Heureusement que certains fabricants paient des fortunes à HLS pour obtenir des résultats fiables…
Des répercussions importantes
Ce film a fait grand bruit en passant à la télévision britannique. Le public, évidemment écœuré, l’a fait savoir massivement. Les autorités ne pouvaient plus nier : dès le lendemain de la diffusion, le ministère de l’Intérieur a ordonné une enquête et inculpé deux techniciens au regard de la loi de protection animale. La licence d’exploitation a même été suspendue quelques mois. Plusieurs employés d’HLS ont été mis à pied ou licenciés.
De grandes firmes pharmaceutiques anglo-saxonnes, Glaxo, Zeneca et Smith Kline Beecham, sans rompre leurs relations avec HLS, ont pris leurs distances publiquement en disant qu’ils attendaient les conclusions de l’enquête officielle. Des sociétés étrangères clientes ont rompu leur contrat, comme l’un des plus gros laboratoires européens, le suédois Astra.
Minimum de professionnalisme
Ce documentaire montre qu’on ne sait vraiment ce qui se passe dans un labo qu’en y étant constamment ! Et encore… Une fois le dos du chef de service ou du vétérinaire tourné, si certains veulent se conduire de façon ignoble, par exemple en frappant les animaux, qu’est ce qui les en empêche ? Rien. Si une inspection, même surprise, arrive, on prendra alors toutes les précautions pour manipuler les animaux avec une douceur angélique.
Tant qu’il y aura des animaux dans ces endroits de mort, ils seront malheureux, et même sans la présence de sadiques. Nous ne voulons pas des cages grandes et propres, nous voulons des cages vides. Mais si, d’ici là, les animaliers et les techniciens agissent avec le minimum de professionnalisme que chacun est en droit d’exiger, ça serait mieux pour les pauvres bêtes qui souffrent au moment même où vous lisez ces lignes.
Des sociétés françaises ont fait travailler ce centre
HLS travaille pour de nombreuses firmes du monde entier, et parmi celles-ci, au moins deux sociétés françaises qui étaient en contrat en date de 1989, ce qui avait été prouvé par Sarah Kite, employée de la BUAV. Il s’agissait de Roussel pour le médicament Surgam, testé de nouveau sur des chiens beagles après l’apparition de graves effets secondaires causés par des médicaments du même genre, des anti-inflammatoires non stéroïdes utilisés pour les rhumatismes et l’arthrite.
Rhône Poulenc a fait tester l’insecticide Phosalone, un organophosphoré très toxique pour tous les mammifères (pas seulement par ingestion mais aussi par inhalation et même au travers de la peau !), utilisé sur des fruits et légumes. Il a été donné dans la nourriture des beagles pour établir des dosages de toxicité alors qu’il était déjà sur le marché, ayant été testé auparavant sur des lapins, des faisans, des souris et des poissons ainsi que sur des rats et des chiens pendant deux ans. Pourquoi recommencer cette expérience sur d’autres chiens une quinzaine d’années plus tard alors que ce poison est bien connu, y compris par ses symptômes chez l’homme ?
HLS vu par HLS
« Nous prenons grand soin de réaliser la formation efficace, le contrôle et le suivi régulier du personnel responsable de la sécurité et du bien-être animal. Nous sommes sûrs que tous ceux qui sont au contact des animaux sont attentionnés et accomplissent leurs tâches avec responsabilité et sensibilité. »