Un an après son interdiction, le Mediator fait scandale : il serait à l’origine de la mort de 500, voire 1 000 patients. Une fois encore, One Voice déplore l’utilisation de l’expérimentation animale pour la mise au point de médicaments destinés à l’humain.
Après l’Isoméride, le TGN 1412, le Cérebrex, le Vioxx… le Mediator vient agrandir la longue liste des médicaments entraînant la mort de ceux qu’ils sont censés soigner. Destiné aux diabétiques et très largement prescrit à des patients en surpoids pour ses facultés amaigrissantes, le Mediator est aujourd’hui mis en cause dans une étude menée par le docteur Irène Frachon depuis 2006. Le médicament serait à l’origine de graves effets secondaires favorisant les maladies des valves cardiaques et de l’hypertension pulmonaire pouvant entraîner la mort. Les résultats de l’étude sont à ce point sérieux qu’ils ont conduit les autorités et l’Afssaps, par la voix de Xavier Bertrand, à lancer mardi dernier un message d’alerte appelant tous les utilisateurs à consulter sans tarder leur médecin. Pourtant, dès 1997 la sonnette d’alarme avait été tirée. Le Mediator est interdit en Espagne depuis 2005.
Le modèle animal inadapté
A l’instar de nombre de médicaments, le Mediator est encore un triste exemple des conséquences liées à l’utilisation de l’espèce animale pour mesurer la dangerosité des molécules et autres composants des produits pharmaceutiques. Le désormais célèbre Vioxx, retiré de la vente en 2004, a entraîné des problèmes cardiaques et cérébrovasculaires chez les utilisateurs du médicament alors qu’il était « cardioprotecteur » chez les souris ! Un exemple parmi beaucoup d’autres qui démontre, si besoin était, que le modèle animal n’est pas à même de fournir des données fiables pour la santé humaine. En plus d’être condamnables moralement et sur un plan éthique, les tests sur animaux ne sont pas pertinents pour l’homme.
Compléter les données humaines
André Ménache, médecin vétérinaire et directeur scientifique d’Antidote Europe, est d’ailleurs convaincu qu’il « faut toujours préférer les données humaines aux données animales. Nous sommes confrontés au choix entre des données humaines incomplètes (= pertinentes pour l’homme) et des données animales complètes (= majoritairement sans pertinence pour l’homme). Si l’on se fonde sur ce qui précède, il devrait être clair que les données humaines sont toujours préférables aux données animales. Une stratégie de tests par étapes effectués sur du matériel humain sera toujours plus prédictive pour l’homme que des données animales. » Le problème c’est qu’aujourd’hui la soumission de données issues de tests sur animaux est obligatoire alors que celles obtenues sur des cellules humaines est facultative. Il est donc grand temps de mettre de l’ordre dans la réglementation de l’autorisation de mise sur le marché (AMM) de médicaments destinés aux humains.
Moderniser la recherche
Il existe désormais des méthodes modernes pouvant avantageusement remplacer les méthodes obsolètes de l’expérimentation animale. « La mise en œuvre d’une stratégie de tests par étapes sur du matériel humain et la compilation de données humaines aura toujours plus de valeur que les tests sur animaux. » rappelle André Ménache. « Une approche basée sur le poids des preuves peut permettre d’accélérer la validation de méthodes basées sur des données humaines. » La science a fait les progrès nécessaires pour aller dans ce sens. Encore faut-il qu’une réelle volonté politique soit mise en œuvre pour en faciliter le développement.
Mettre fin à l’expérience animale
Pour sa part, One Voice continue à se battre pour mettre fin à l’expérimentation animale et pour l’avènement de méthodes substitutives aux résultats plus fiables, plus éthiques et plus économiques. Chaque fois que nécessaire, l’association s’oppose par tous les moyens légaux et dans le cadre d’opérations non violentes à la mise en place ou au développement d’élevages destinés à l’expérimentation des laboratoires pharmaceutiques. C’est notamment ce que One Voice a fait en 2006 pour tenter d’empêcher l’agrandissement de l’animalerie de chiens du laboratoire mis en cause dans l’affaire du Mediator.