Une nouvelle technologie est en cours de développement. Inspirée de l’électronique, des puces sont en passe de révolutionner la recherche pharmaceutique en mettant un terme à l’expérimentation animale…
Un secteur en pleine croissance
Parce que certains scientifiques sont conscients des limites de l’extrapolation à l’humain des résultats obtenus avec un modèle animal, ils recherchent une technologie qui permettrait de mimer directement la physiologie humaine. C’est sur cette voie que deux établissements, l’Institut Wyss de l’Université de Harvard aux Etats Unis en juillet dernier, et l’Institut Fraunhofer en Allemagne en février, ont annoncé le développement d’une nouvelle technologie basée sur le principe de puces organiques, dont l’architecture n’est pas sans rappeler celle des puces électroniques.
Un organe dans une puce
Partant du principe qu’une cellule arrachée à son environnement ne peut pas fonctionner de manière naturelle, et que l’utilisation d’animaux a de vraies faiblesses, l’Institut Wyss a développé des Organs-on-chips, soit littéralement des organes sur des puces. Un support en polymère est percé de canaux pour faire circuler les fluides. Les cellules de l’organe que l’on souhaite étudier sont placées sur une membrane poreuse, et l’ensemble est soumis aux contraintes mécaniques spécifiques de l’organe, comme les mouvements de contraction du poumon par exemple. L’Institut a déjà développé plusieurs puces-organes et tentent désormais de les relier pour former un organisme complet. Cette technologie pourrait permettre notamment d’étudier le mécanisme d’une infection sur un organe ou d’étudier les effets d’une exposition aux radiations…
Le corps humain modélisé
Le Dr Frank Sonntag de l’Institut Fraunhofer, à Munich explique quant à lui que leur système est une reproduction au 1:100000 de l’être humain. Sur la puce sont placés différentes cellules qui représentent les organes dont elles sont issues et qui sont reliées entre elles grâce à la microfluidique : elles sont alimentées par un liquide nutritif similaire au sang, propulsé par une micro-pompe mimant le rôle du cœur. L’origine des cellules varie en fonction de la substance à tester et de sa cible. Une puce spécifique a été développée pour l’industrie cosmétique : elle est exclusivement constituée de cellules de peau. C’est une innovation importante pour les tests de médicaments et d’autres substances pouvant agir de façon systémique, soit sur un organisme entier. Elle permettrait en effet de contrôler que des substances toxiques ne sont pas générées sans avoir recours à un animal…
Une science à deux vitesses ?
Le développement de cette nouvelle technologie, que One Voice accueille avec joie, indique l’évidence pour les scientifiques de haut niveau que l’expérimentation animale n’a plus sa place. L’innovation scientifique se fait désormais sans le recours aux animaux dont l’usage s’avère contre-productif. L’ensemble de la communauté scientifique n’a désormais plus d’autre choix que d’en prendre conscience !