Une enquête menée dans un laboratoire britannique montre que le personnel fait volontairement souffrir des souris en pratiquant des expériences pour tester un médicament. A leur cruauté s’ajoute l’ignorance : ces tests sur animaux ne sont pas exigés par les autorités, une méthode alternative existe.
La colonne vertébrale cassée au stylo bille
Une enquête avec caméra cachée menée par l’Union britannique pour l’abolition de la vivisection (BUAV) dans le laboratoire anglais Wickham, qui utilise des milliers de souris pour tester le Dysport ND – médicament à base de toxine botulique, contre les rides utilisé en médecine esthétique -, révèle que le personnel les mutile avec des stylos à bille et les laisse agoniser dans d’intenses souffrances. En utilisant un stylo pour tuer les souris, les laborantins leur brisent la colonne vertébrale. Ces stylos sont ensuite utilisés pour remplir les dossiers sur le décès des animaux. Le laboratoire Wickham a sacrifié 41 088 souris entre janvier et juin 2009 pour le Dysport ND.
Le film montre le personnel sabotant les injections d’autres médicaments effectuées sur des lapins et les injuriant pendant les manipulations.
Il existe une technique utilisant des cellules humaines
One Voice précise que bon nombre des expériences effectuées sur des lapins, bien qu’agréées par le gouvernement britannique, ne sont pas requises par les standards internationaux des laboratoires pharmaceutiques. Le Home Office lui-même reconnaît que ces expériences sur des lapins peuvent être remplacées par une nouvelle technique utilisant des cellules sanguines humaines.
Le film de la BUAV, qui couvre une période de 8 mois, a conduit le gouvernement britannique à ouvrir une enquête. Le Home Office a déclaré prendre au sérieux ces témoignages et n’autoriser l’expérimentation animale que lorsqu’elle est justifiée. Il rappelle qu’il exige le respect des normes relatives aux expériences sur les animaux et qu’il va vérifier si ce laboratoire les respecte.
Une paralysie progressive jusqu’à l’étouffement
Le vétérinaire chargé de contrôler le bien-être des animaux utilisés par le laboratoire Wickham, en est l’un des fondateurs et un important actionnaire. Il nie que cela puisse constituer un conflit d’intérêt. Le film de la BUAV montre que ses inspections hebdomadaires durent seulement 15 minutes, parfois beaucoup moins, ce qu’il juge suffisant pour vérifier si les animaux sont bien traités et ne souffrent pas : « ces animaux sont mieux soignés que les animaux de compagnie et d’élevage », affirme-t-il.
Dans la méthode utilisée pour tester le Dysport ND – la dose léthale 50 (DL50) —, la toxine injectée aux souris les paralyse progressivement et provoque une détresse respiratoire qui les tue.
Des méthodes alternatives à la LD50 existent et sont utilisées par des laboratoires britanniques. L’Institut national pour la normalisation et le contrôle biologiques a mis au point il y a dix ans un test in vitro pour la toxine botulique.
Des médecins choqués par ces révélations
Les révélations de la BUAV ont choqué les dermatologues qui utilisent déjà le Dysport ND, dont le docteur Nick Lowe, qui a conduit des recherches sur la toxine botulique. Il s’étonne que le test de la DL50 soit encore utilisé et est « consterné » d’apprendre que des animaux souffrent dans de telles expériences. Il se demande si les autres médicaments qu’il prescrit à ses patients sont évalués de façon éthique et souligne que ses propres produits pour la peau ne sont pas testés sur des animaux : opposé à ce type de tests, il exige les normes éthiques les plus strictes.
Ipsen Biopharm, fabricant du Dysport ND, prend aussi au sérieux le témoignage de la BUAV. Il dit accorder de l’importance au bien-être animal et avoir choisi de travailler avec Wickham parce que ce laboratoire était agréé par le Home Office. Ipsen Biopharm affirme ne vouloir recourir qu’à des pratiques approuvées pour ce type de test et souhaite remplacer le test de la DL50 dès que des méthodes alternatives seront approuvées par les autorités internationales de régulation.