La mise en place de la réglementation REACH, et notamment des annexes VIII, IX et X, semble pousser les industriels de la chimie dans une course au test de toxicologie dramatique pour le sort des animaux. La Coalition européenne pour mettre fin à l’expérimentation animale, dont One Voice est le représentant en France, associée à d’autres organisations de défense d’animaux, s’en est émue dans une lettre ouverte adressée à l’ECHA ainsi qu’au président et aux membres de la Commission européenne.
Appel à l’action
Dans cette lettre en forme d’appel à l’action, les organisations intiment l’Agence européenne de prendre les mesures nécessaires afin que les industriels de la chimie cessent de multiplier, voire de dupliquer, des tests sur animaux afin d’obtenir l’enregistrement de leurs substances avant la date limite fixée à 2010. Pour nombre des substances fabriquées ou importées dans des quantités de plus d’une tonne par an, les informations nécessaires sont déjà disponibles ou en cours d’enregistrement. Diligenter de nouveaux tests sur des animaux s’avère donc totalement inutile.
Lente mise en place des SIEFS
Parmi les raisons invoquées à cette catastrophe animale qui se profile, les associations pointent le peu de clarté des textes relatifs aux obligations en matière de tests définies dans les annexes VIII, IX et X. Elles dénoncent également la lente mise en place des Forums d’échange d’informations sur les substances (SIEFS) et le manque de formation. Aussi, elles demandent à l’ECHA de rappeler aux entreprises qu’avant tout test sur animaux elles ont l’obligation de vérifier si les informations ne sont pas déjà disponibles auprès du forum dont elles dépendent.
Information fournie insuffisante
Autre sujet d’inquiétude relevé par les organisations de défense des droits des animaux, le manque d’informations pertinentes pour l’appréciation par les tiers du bien fondé, ou non, des tests sur animaux. En se basant sur les premières propositions de tests publiées ce mois-ci par l’ECHA et soumise à l’examen des tiers, les associations estiment que l’information fournie est insuffisante pour mener à bien une analyse rigoureuse sur l’intérêt et la pertinence de tels tests. Afin de remplir leur rôle au mieux, les ONG demandent à collaborer à l’élaboration des procédures de tests.
Si besoin était, les associations ont rappelé, qu’en accord avec les termes des annexes IX et X, le recours à l’expérimentation animale devait être minimisé.
Plus de 54 millions d’animaux tués pour Reach
Dans un rapport repris dans le magazine Nature du 26 août 2009, l’Union européenne avance l’horrible chiffre de plus de 54 millions d’animaux utilisés pour des tests mortels en vue de satisfaire aux nouvelles obligations de la législation Reach.
One Voice s’indignent de telles prévisions qui anéantissent des années d’actions et de démarches pour faire respecter les droits des animaux. One Voice souligne par ailleurs qu’une telle hypothèse est en totale contradiction avec l’esprit de Reach qui préconise, en tout cas sur le papier, le recours à des tests sur animaux en tout dernier ressort. Sur le terrain, force est de constater que la lenteur de la mise en place des procédures de validation internationales et les nombreux obstacles au déploiement des méthodes alternatives ne contribuent pas à réduire durablement la souffrance des animaux.
Expérimentation animale : un « mal nécessaire » ?
Ce thème fera l’objet d’une conférence organisée par Antidote Europe le 24 septembre prochain à 19H00 à la Maison des Associations de Paris 13. Animée par Florence Burgat, philosophe, et André Ménache, docteur vétérinaire et directeur d’Antidote Europe, cette conférence permettra notamment de faire un point sur la révision de la Directive 86/609/CEE et sur les méthodes sans animaux avec, entre autres, la présentation de résultats récents et de solutions fiables et peu coûteuses.