L’EUROPE AVANCE À PETITS PAS dans la lutte contre la vivisection. Un accord a pu être conclu entre le Parlement européen et le conseil des ministres visant à interdire l’expérimentation sur les animaux pour les produits cosmétiques, ainsi que la vente de produits de beauté résultant de ces tests. Mais il n’entrera définitivement en vigueur qu’en 2009. Et encore, cette disposition ne sera-t-elle appliquée que si des méthodes alternatives fiables existent.
On le voit, cet accord a minima est bien en deçà du texte adopté par le Parlement au mois de juin dernier. Celui-ci prévoyait notamment l’interdiction des tests avant le 31 décembre 2004, une labellisation pour les produits fabriqués sans cruauté ainsi qu’un étiquetage mentionnant clairement s’il y a eu ou non recours à la vivisection.
Chiffres D’affaires
Pourquoi ce recul ? Tout simplement parce que les autorités européennes ont été sensibles aux arguments des grandes firmes cosmétiques. Celles-ci ont fait valoir qu’elles généraient d’importants chiffres d’affaires (donc partant, de gros impôts) qu’elles employaient beaucoup de salariés et que des règles trop contraignantes les auraient défavorisées par rapport à leurs concurrents américains ou japonais. Sans vouloir polémiquer de façon excessive, ce même type d’argument pourrait être appliqué à d’autres domaines. De surcroît, en refusant d’interdire tout de suite la commercialisation de produits ayant été testés sur les animaux, l’Europe accepte, de fait, que des cobayes soient martyrisés hors des frontières communautaires.
Brulés et Aveuglés
Le plus regrettable dans cette affaire, hors le piètre courage de nos représentants face aux intérêts économiques, est que ces tests cruels, comme de faire griller à petit feu des cochons d’Inde pour vérifier la toxicité de telle ou telle crème, ou le tristement connu test de Draize qui consiste à instiller de très fortes concentrations de produits dans les yeux de lapins martyrisés, ne servent qu’à fabriquer des produits de beauté. Or, rappelons-le, si ces articles avaient la moindre efficacité pour réduire les rides, ils ne pourraient être vendus librement puisqu’il s’agirait de médicaments agissant sur le derme. De la poudre aux yeux, qui n’est pas jolie, jolie.