Labos "pas nets": One Voice porte plainte !
’Hôtel-Dieu, Saint-Antoine et Broussais à Paris, ainsi que Léon Bernard à Limeil-Brévanne (94) : voici quatre importants hôpitaux franciliens qui sont aussi des sites d’expérimentation animale, comme la plupart des établissements en France (s’y trouvent souvent des unités de l’INSERM, couplées avec la structure hospitalière en CHU ou en CHR). Mais ceux-ci ont autre chose en commun: pour les animaux, les conditions y sont illégales d’après nos informations – tout à fait précises !
Alerter les procureurs
C’est pourquoi, avec le concours de notre avocate, maître Fabienne Filpi, nous n’avons pas hésité à transmettre des courriers aux procureurs de la République concernés, leur demandant un complément d’enquête et une vérification de nos dires avant de passer – nous l’espérons ! – au volet « justice ».
Rappelons en effet que les procureurs ont le loisir de poursuivre ou non – mais ils sont souvent débordés et ne mettent pas forcément au premier plan les affaires touchant des animaux. Toutefois, nous avons rédigé des plaintes détaillées, indiquant bien que One Voice ne parle pas « en l’air » ou « au hasard ».
Cela fait d’ailleurs partie de notre stratégie de harcèlement des centres d’expérimentation animale, laquelle est légale (bien qu’immorale), mais aussi légalisée. Puisque nous n’avons pas la possibilité de les faire fermer tout de suite, nous allons les obliger à détenir au moins les animaux dans de meilleures conditions, prévues par la loi, même si ce n’est pas le fond de notre combat comme vous le savez : « On ne réglemente pas la torture, on l’abolit! ».
D’où viennent les fuites ?
One Voice a demandé la possibilité légale de récupérer les animaux concernés – ça va aussi les déranger, mais moins que leurs interrogations sans réponses : comment se fait-il que One Voice soit si bien informée sur ce qui se passe dans ces lieux fermés? Un peu de psychose chez les blouses blanches?
Nous vous tiendrons des suites de ces plaintes, mais soulignons que c’est une première en France : faute de vouloir ou de pouvoir, aucune association n’avait encore osé « titiller » ainsi des laboratoires – judiciairement.
Non-respect des textes : des exemples
Vous pensiez qu’en expérimentation animale, les animaux sont quand même « protégés » par une législation sensée veiller à leur bien-être? Double erreur. Primo, la législation est très imparfaite; secondo, comme bien d’autres textes, elle n’est intéressante que si on daigne l’appliquer.
Voici du concret : une partie tirée de nos quatre premières plaintes – et sans doute pas les dernières.
Hôtel-Dieu
Locaux particulièrement insalubres. Animalerie des lapins et rongeurs : cages trop étroites, pièces sans fenêtres, à l’éclairage insuffisant et manquant d’aération – aucun système de ventilation.
Saint-Antoine
Animalerie des chiens pas aux normes (tôles ondulées au lieu de matériaux résistants, avec pour porte une simple grille ouverte aux intempéries).
Animaleries des lapins, rats et souris : manque d’aération car fenêtres fixes – aucun système de ventilation.
Broussais
Lapins et rongeurs : cages trop étroites, locaux sans fenêtres, manque d’aération, éclairage insuffisant – aucun système de ventilation. Ovins et caprins trop nombreux, d’où promiscuité pouvant entraîner des blessures, pas de dispositif d’écoulement des eaux usées. Salles d’expérimentation : mélange des précédents animaux contrairement à la législation. Aucun système d’incendie.
Léon Bernard
Locaux insalubres, plus les infractions suivantes :
« 1. Détention d’animaux transgéniques (souris) au rez-de-chaussée du bâtiment, sans qu’aucune autorisation n’ait été délivrée à l’établissement, conformément à l’art. 6 I, titre II de la loi du 19 juillet 1976 relative aux installations classées pour la protection de l’environnement.
2. Non-conformité des animaleries, ne possédant ni fenêtres ni système de ventilation, et des cages trop étroites par rapport aux dispositions de l’annexe I, chapitre 1er 2a), b) et 4b) notamment de l’arrêté du
19 avril 1988 fixant les conditions d’agrément, d’aménagement et de fonctionnement des établissements d’expérimentation animale.
3. Expériences pratiquées sur des animaux (chiens de race labrador détenus dans un chenil situé au sous-sol du bâtiment, jouxtant une pièce remplie d’immondices), consistant en des injections de produits tels que stimulants cardiaques et produits générant des insuffisances cardiaques, sans recourir à une anesthésie préalable pour éviter les souffrances, et ce contrairement aux dispositions de l’art. 3 notamment du chapitre 1er, section I du décret du 19 octobre 1987 pris pour l’application de l’art. 454 du Code pénal et du 3e alinéa de l’art. 276 du Code rural et relatif aux expériences pratiquées sur les animaux. »
One Voice a demandé à la justice que ces labradors soient saisis et lui soient confiés pour être sauvés – suite bientôt.