Nouvelle honte, nouveau scandale: encore une fois, des animaux ont souffert pendant des jours et des semaines. Le géant suisse Novartis, « champion » des OGM (qui, comme Rhône-Poulenc, a sponsorisé le candidat Bush – voir Animaction n°19), a une filiale, Imutran, spécialisée en transplantations d’organes animaux (voir Animaction n°13), basée en Grande-Bretagne. L’association britannique Uncaged vient de les faire connaître de redoutable façon – vives félicitations !
De nombreuses pages de documents confidentiels ont été « obtenues par des voies détournées », puis mises sur Internet et transmis aux autres activistes du monde entier; en France, c’est One Voice qui en a reçu une copie. Et deux journaux anglais ont publié des articles dévastateurs, juste avant que les avocats d’Imutran n’imposent un embargo sous peine de lourdes sanctions. Voici un résumé de leurs erreurs, de leurs horreurs et de leurs mensonges: il y a du stock ! (One Voice a reçu plusieurs lettres de ces avocats – nous ne pouvons donc pas tout dire.)
Maquiller les fraudes scientifiques
Point souligné par le Daily Express, les documents montrent clairement une succession de malhonnêtetés intellectuelles transformées en fraudes scientifiques : Imutran a essayé de faire croire qu’on approchait d’une solution pour l’homme, notamment en matière de maîtrise de rejet aigu du greffon. Il n’en est asolument rien quand on examine les vrais résultats.
Ainsi, en 1999, fut publié ce qui ressemble à un communiqué de victoire: des expériences sur 9 babouins ayant reçu un cœur de porc auraient montré qu’aucun « cœur transgénique n’a subi de rejet hyperaigu ». La vérité, c’est que cette expérience a été faite sur 22 babouins, et qu’on en a habilement sélectionné 9 sur les 10 ayant survécu le plus longtemps. Beaucoup moins glorieux…
Dans des faits non publiés, on note un autre cas où, sur 22 singes expérimentés, 13 étaient morts dans les deux jours après l’opération. Dans un troisième cas, sur 61 singes greffés, 33 étaient morts dans les 24 heures…
Leur plus grand succès est d’avoir fait vivre un babouin avec un cœur de porc pendant 39 jours, record mondial
– c’est du moins ce dont ils se sont vantés dans un article de revue scientifique : « Tout au long des 38 premiers jours après la greffe, le babouin était actif et énergique, bougeant librement dans sa cage. »
La réalité, c’est que, deux semaines après son opération, il était « calme et blotti dans un coin, ne voulant pas bouger, avec un peu de respiration abdominale, légèrement instable ». Dans les dix derniers jours, il n’était « actif qu’occasionnellement », mais ce ne fut jamais révélé. Quand on le sacrifia, « son » cœur avait triplé de poids, mais ce fait surprenant ne fut pas mentionné non plus dans les articles scientifiques.
Certains estiment que, si les xénogreffes « marchent », elles pourraient rapporter 6 milliards de dollars par an vers 2010 avec la vente des médicaments associés… Cela expliquerait-il les mensonges ?
Cacher la souffrance
Au cours des cinq dernières années, ils ont sous-traité 400 transplantations sur des primates au laboratoire Huntingdon Life Sciences, d’infâme réputation (voir Animaction n°7). Imutran a toujours dit que ses animaux ne souffraient pas, et que leur bien-être était considéré comme « très important ». Baratin pour public naïf.
Dans les documents internes, leurs techniciens de laboratoire décrivent les choses différemment: des animaux blottis dans les coins, prostrés, atteints de diarrhées, de vomissements, parfois agités ou avec des spasmes, avec des hématomes, des gonflements, des blessures, des plaies d’où s’échappent parfois le pus et le sang… Presque l’image du bonheur, tel ce singe muni d’un cœur de porc dans son cou, attaché aux vaisseaux sanguins : dans les derniers jours de sa vie, on l’a vu tenir ce greffon « rouge et gonflé » dont s’échappait par les sutures « un fluide jaune suintant »…
Plus du quart des animaux meurent sur la table d’opération ou dans les jours qui suivent, à cause de ce qu’on appelle joliment des « échecs techniques ». Ce sont parfois des fautes grossières. Un singe mourut car, « par erreur », on avait oublié un tampon dans son abdomen. Un autre dut être sacrifié car le rein de porc à lui implanter ne risquait pas de fonctionner de nouveau : il avait été congelé « par erreur »! De nombreux animaux ont été réutilisés « par erreur », des flacons étaient laissés ouverts et sans étiquettes, et les scientifiques, des centaines de fois, n’ont pas relevé des mesures biologiques à la suite d’une opération.
Une guenon avait reçu « par erreur » 4 fois la dose de médicament requis : elle tremblait et serrait ses dents au maximum, elle fut euthanasiée le lendemain. Imutran a critiqué HLS en disant que cette erreur était « inacceptable »… Pour One Voice ces tests sont inacceptables.
Et Géron jette l’éponge !
Par ailleurs, fin août, le fameux Écossais Ian Wilmut, « père » des clones de moutons Dolly et Polly, a annoncé que sa firme Géron, autre spécialiste des xénogreffes, abandonnait ses recherches à cause de rétrovirus porcins encore inconnus, ou présentant des dangers mal connus s’ils s’établissent chez l’homme, éventuellement en mutant. Ce risque est net pour un receveur de greffe, mais la crainte, c’est que le virus puisse ensuite contaminer aussi le reste de la population…
One Voice salue cette prudente attitude qui confirme nos craintes exprimées depuis longtemps. Il est rare que les apprentis sorciers s’arrêtent à temps, ce qui, a posteriori, en dit long sur les dangers de ces projets à la Frankenstein. N’hésitez pas à commander notre tract spécifique sur les animaux transgéniques, pour dire à la fois non à l’expérimentation animale et non aux OGM.