Les résultats issus de l’expérimentation animale sont biaisés. C’est ce que révèle une étude publiée dans le journal en ligne Nature. Pour One Voice, la partialité des résultats contribue également au sacrifice inutile de milliers d’animaux.
Chercheurs et scientifiques le savent. S’ils veulent être publiés, ils doivent avoir des résultats d’expériences positifs à communiquer. Toutefois, le fait de ne jamais parler des résultats négatifs d’une expérimentation faite sur les animaux a, selon une récente étude publiée par le journal de référence Nature, des conséquences non négligeables sur l’appréciation de l’efficacité de certains traitements sur l’homme.
Analyse sérieuse
Pour arriver à cette conclusion, l’auteur de l’étude, Malcolm Macleod, neurologue au Centre des sciences cliniques du cerveau de l’Université d’Edimbourg (Royaume-Uni), s’est appuyé sur une base de données constituée en 2004 par une équipe internationale cherchant à répondre à la mauvaise transposition des résultats obtenus sur des animaux lors d’essais cliniques. Avec son équipe, le neurologue a épluché 525 études, représentant 1 359 expérimentations et 16 traitements différents.
Une efficacité surestimée
L’analyse démontre que les résultats des expériences sur les animaux dont l’efficacité du traitement sur une maladie humaine était soit disant avérée sont supérieurs d’environ 30 % aux résultats obtenus au cours d’expériences similaires menées sur les humains. Outre l’importante surestimation de l’efficacité des traitements testés sur les animaux, les chercheurs ont également constaté que 16 % des expériences ne sont jamais publiées et qu’un tiers seulement des essais effectués sur les animaux sont ensuite testés sur les humains.
Déficit des savoirs
Pour Macleod, la non publication de résultats négatifs expliquerait pourquoi si peu de traitements testés sur des animaux sont actifs chez les humains. Le neurologue va encore plus loin : il estime que cette non publication prive la communauté scientifique de savoirs indispensables sur les maladies humaines et est, à ce titre, non éthique. Pour lui, tous les résultats devraient être publiés. Il espère d’ailleurs que, comme pour la recherche clinique, cette étude va conduire à la mise en place de registres consacrés aux expériences sur animaux. Ces registres permettraient à un chercheur qui se demande s’il vaut la peine de développer un médicament d’accéder à toutes les informations disponibles avant même de commencer son expérimentation.
Modèle non pertinent
Pour One Voice, ces révélations montrent, si besoin était, que les modèles animaux ne sont pas pertinents pour apprécier l’efficacité d’un traitement chez l’homme. L’association estime que la partialité des résultats communiqués et l’absence d’une information complète sont également responsables de la mort inutile de centaines de milliers d’animaux. Son combat contre l’expérimentation animale est plus que jamais d’actualité.
Pour lire l’article de Nature (en anglais) :
http://www.nature.com/news/2010/100330/full/news.2010.158.html#B1