Une enquête montre qu’au Laos, la capture et le commerce de singes pour l’expérimentation sont en pleine expansion. Des milliers d’entre eux sont exportés chaque année pour approvisionner l’industrie internationale de la recherche. One Voice demande que cesse ce trafic et que le statut des espèces menacées soit respecté.
Les terribles révélations d’une enquête
La BUAV (British Union for the Abolition of Vivisection) demande aux responsables de la CITES (Convention sur le commerce international des espèces menacées) de réagir après les révélations de son enquête, qui montre le trafic croissant de primates du Laos vers la Chine et le Vietnam pour l’industrie de la recherche, qui les utilise pour des expériences. Ses enquêteurs ont filmé en caméra cachée dans les locaux de la plus grande ferme d’élevage de primates du Laos, la Vannaseng Trading Company. Ils ont aussi découvert une nouvelle ferme en construction, qui devait ouvrir en mars 2010.
Cette enquête révèle à la fois des maltraitances sur des animaux et le non respect du statut d’espèce protégée du macaque à longue queue (Macaca fascicularis) en Asie du Sud-Est. Elle met en évidence le rôle des fermes de primates en Chine, qui réexportent les singes du Laos vers des laboratoires de recherche aux Etats-Unis et en Europe.
Des singes enfermés, stressés et malades
Le Laos a adhéré à la CITES en 2004. Pourtant, entre 2004 et 2008 – selon les données de la CITES – plus de 20 000 macaques à longue queue ont été exportés du Laos vers la Chine et le Vietnam. De 2003 à 2006, la Chine a importé du Vietnam des milliers de macaques originaires du Laos.
La Vannaseng Trading Company héberge plus de 10 000 singes, des macaques rhésus et des macaques à longue queue. Chaque année, des milliers d’entre eux sont vendus – 600 dollars chacun – au Vietnam et en Chine. Les singes sont transportés par lots de 1 000 ou davantage par avion ou en camion.
Les conditions d’hébergement des singes chez Vannaseng ne respectent pas les recommandations de la Société international de primatologie. Ils sont enfermés dans de petites cages, dans un environnement non enrichi. Les singes sont si stressés qu’ils se battent entre eux. Les responsables de la ferme ont dit aux enquêteurs de la BUAV que les blessures dues à ces combats étaient l’une des principales causes motivant des soins. Les diarrhées sont également fréquentes, liées au stress des conditions de vie des singes.
Aucune donnée scientifique fiable
Un représentant du département des forêts du Laos a déclaré, lors d’une rencontre avec les enquêteurs de la BUAV, qu’aucun recensement de la population de macaques n’avait été effectué dans le pays. Depuis au moins 2003, plusieurs milliers d’entre eux ont été capturés dans leur milieu naturel au Laos puis envoyés à l’étranger ou enfermés dans des fermes d’élevage. Selon les données de la CITES, 8 000 macaques à longue queue ont ainsi été exportés du Laos au Vietnam de 2004 à 2005.
Cette enquête montre que le Laos ne respecte pas les obligations liées à la CITES. En outre, le Laos n’a remis aucun rapport annuel depuis 2004, ce qui est pourtant demandé par la CITES.
Les primates de la ferme Vannaseng ne sont pas identifiés individuellement par tatouage ou puce électronique, à la demande de la Chine et du Vietnam selon les responsables de la ferme. L’absence de méthode d’identification fiable des singes remet en question la crédibilité de toutes les données biologiques les concernant. Vannaseng a expliqué aux enquêteurs que les singes étaient vendus à des fermes d’élevage en Chine ou exportés de la Chine vers l’Europe et les Etats-Unis.
Les gouvernements locaux doivent réagir
One Voice soutient la BUAV, qui demande que soit mis un terme à ce commerce cruel et qu’une enquête officielle soit menée. La CITES et les gouvernements des pays concernés par ce trafic en pleine expansion doivent réagir : les forêts d’Asie du Sud-Est se vident de leurs macaques, capturés et vendus à l’industrie internationale de la recherche.
One Voice et la BUAV ont déjà mené des enquêtes en Asie du Sud-Est. A chaque fois les associations ont découvert une exploitation croissante des populations locales de macaques à longue queue. Les singes sauvages sont capturés dans la nature pour approvisionner les nombreuses fermes d’élevage de la région pendant que la CITES ne fait pas appliquer ses propres règlements et que les gouvernements n’agissent pas pour protéger leurs populations de primates.