Marshall Farms, ça commence à vous dire quelque chose ? Rappelons que cette firme américaine spécialisée dans l’élevage et la fourniture d’animaux de laboratoire souhaite s’implanter en France. En effet, depuis de nombreuses années déjà, ils envoient leurs animaux – notamment des chiens – en caisse, se faire viviséquer chez nous, pour un prix de l’ordre de 5 000 ou 6 000 francs pièce.
Mais la concurrence est rude, pour vendre plus il faut éviter les frais de transport ainsi que les fluctuations du dollar. D’où l’idée de construire un gros élevage de beagles (1500 ou plutôt 2 000, leurs chiffres varient !) à proximité du couloir rhodanien pour desservir notamment les labos de la région lyonnaise. Souvenez-vous de nos interventions contre les tentatives d’implantations précédentes, d’abord à Blyes dans l’Ain, puis au Donjon dans l’Allier.
Marshall Farms a essuyé deux échecs, principalement dus aux capacités de mobilisation des populations locales et des associations de protection animale. Cette fois, sans espérer obtenir de subventions, ils insistent avec la volonté de gagner dans une autre commune de l’Allier, Montbeugny, environ 700 habitants, près de Moulins.
Mais celui-ci soutient Marshall Farms et n’hésite pas à faire pression sur ses administrés pour imposer le projet – allant même jusqu’à faire des menaces voilées à certains qui ont osé signer une pétition contre l’élevage !
Collectif et conférence
Le 6 janvier, profitant d’une conférence où sont intervenus notamment Jacques Desmeules, le docteur Claude Reiss et Stéphane Charpentier, nous avons appris que l’enquête publique aurait lieu du 15 février au 19 mars 1999, avec trois commissaires enquêteurs. Ce débat très réussi (salle comble avec de nombreux élus ou représentants d’élus, la plupart opposés au projet !) avait été organisé à l’initiative d’un collectif d’opposants au sein duquel Talis est représentée : le COAC, à la pointe de la révolte – bravo à tous ! Le COAC a également distribué notre brochure Expérimentation animale à chacun des habitants de Montbeugny. Et le projet commence à faire des vagues dans la presse locale. Signalons d’ailleurs que c’est par un article de La Montagne que les habitants de Montbeugny eux mêmes ont été prévenus tout d’abord, la mairie s’étant empressée démocratiquement de ne rien dire…
À l’annonce des dates de l’enquête publique, Talis a fait immédiatement circuler l’information par courrier à tous ses membres dans la région, pour compléter le travail local.
Comme à Holtzheim, Talis ne veut pas de centre d’élevage !
Mauvaise stratégie
Un regret toutefois, celui de voir que certaines grandes associations de protection animale, affirmant lutter contre les trafics, n’ont pas (encore ?) pris position contre le projet d’élevage de beagles arguant du fait que « au moins, on sait d’où viennent les chiens ». Certes oui, mais cela voudrait-il dire que les animaux de labos dont on connaît la provenance souffrent moins que les autres ? On sait surtout, nos grands parents résistants nous l’ont enseigné, que c’est en tarissant les sources d’approvisionnement que l’on peut espérer un jour voir fermer ces laboratoires sordides. Plus les vivisecteurs auront de cobayes, plus ils s’en donneront à cœur joie !
Ce problème nous rappelle cruellement celui d’Air France qui a continué à transporter des primates vers la mort en 1998… avec le soutien des mêmes !