36 macaques et 18 lémuriens ont été sauvés des laboratoires par One Voice en 1996 et 1997. Avec ces libérations, les premières opérées légalement en France, l’association a montré l’autre voie possible. Les scientifiques peuvent refuser d’utiliser des primates et leur offrir une retraite méritée.
Une première
En 1996, One Voice âgée d’à peine an, réalisait son premier sauvetage d’animaux détenus dans un laboratoire. 36 macaques étaient les sujets d’une étude sur la reproduction. Ils étaient nés dans un élevage spécialisé avant d’être vendus au laboratoire pour certains 23 ans plus tôt… La plupart y étaient détenus seuls, dans des cages exiguës au sol grillagé, sans aucune forme d’enrichissement ; ni même de litière pour se confectionner un nid. Frappés à coups de barre de fer par un animalier inconscient de sa cruauté – « quand il faut manipuler 40 femelles dans la journée pour la pesée et les frottis, il ne faut pas que ça traîne ! » – leur quotidien les plongeait dans la dépression qu’ils exprimaient par des mouvements stéréotypés caractéristiques.
Des animaux sentients
Parce qu’il était depuis toujours opposé à la vivisection, le scientifique nouvellement responsable a décidé de fermer l’animalerie et de transférer les macaques dans un autre établissement de recherche. Après une rude négociation, One Voice a finalement obtenu la libération des 36 singes. Elle inaugurait ainsi la toute première opération française de sauvetage d’animaux détenus par un laboratoire qui soit entièrement légale. Plus important encore, ces singes ne seraient pas remplacés !
Au sein du Refuge de l’Arche malgré leurs années d’isolement, et après avoir pris des forces, ils ont pour la première fois marché sur de la terre, découvert le chant des oiseaux, la vie des insectes… et noué des liens entre eux. Leur vie d’enfermement n’a nullement effacé leur identité ! Contrairement à ce que l’on peut parfois entendre, un singe captif n’est pas différent d’un singe né libre. Il reste un animal sauvage dont les besoins sont conditionnés par l’espèce, un individu sentient et sensible, capable de souffrir physiquement et mentalement. Rien ne prédispose un être vivant à la torture !
Des lémuriens en enfer
À peine un an plus tard, One Voice était alertée de la situation catastrophique de lémuriens détenus dans un autre laboratoire pour des tests de caryotype, impliquant des prélèvements de sang, de peau et de sperme. Certains étaient seuls – les lémuriens ont pourtant un grand besoin de contacts sociaux –, d’autres en groupe. Ils ne disposaient d’aucun nid, d’aucun abri, et n’avaient de cesse de sauter tout autour de leur cage. Les conditions sanitaires étaient déplorables. L’humidité élevée et un entretien approximatif – un coup de jet d’eau de temps en temps – avaient provoqué la croissance d’une épaisse couche d’algues sur les parois des cages. L’absence d’isolation et de chauffage occasionnait des chutes de température à 7°C en hiver et des pics à 40°C l’été. Un vrai problème pour des animaux adaptés à une chaleur tropicale constante. Du fait du manque de financement, ils devaient aussi subir la faim, nourris seulement de pommes talées. Dans un tel contexte d’insalubrité et de souffrance, les mères préféraient laisser mourir leurs petits, incapables de survivre au sevrage.
La voie du progrès
Après avoir été avertie, One Voice a entrepris des enquêtes et un reportage sur les conditions de détention des lémuriens de ce laboratoire. Les responsables ont ensuite été contactés pour entamer une négociation. One Voice réussissait ainsi, par la voie légale, une deuxième libération de primates détenus dans un laboratoire français. Grâce à la lucidité de certains chercheurs, conscients que la place des animaux n’est pas dans des cages, que leur rôle n’est pas d’être exploités et que la science doit s’affranchir de ses protocoles obsolètes, la souffrance peut déserter les laboratoires ! Pour les 18 lémuriens confiés à One Voice et accueillis par le Refuge de l’Arche, la faim, le froid et la solitude appartiennent au passé. Leurs anciennes cages restées vides, le progrès pouvait réellement s’amorcer…