« Les indicibles cruautés de l’homme à l’égard des animaux s’étaient limitées jusqu’ici à la surface de notre planète. Allons-nous les voir désormais envahir l’espace et peut-être se multiplier à travers ce dernier ? On peut le craindre en prenant connaissance du projet Bion, exposant des singes à bien des souffrances et qui, de plus, d’après le docteur Robert Hoffman, serait d’un intérêt scientifique plus que douteux ». Théodore MONOD
Nous avons sollicité l’avis de notre parrain, le professeur Théodore Monod, et il nous l’a gentiment communiqué. Celui qui déplore si justement la « barbarie ancestrale », dénonce inlassablement celle des temps modernes. Ah, si les consciences progressaient aussi vite que la science… Après la campagne contre Premarin, One Voice (Æqualis) reprend en France une autre campagne de la grande association américaine PETA.
Des employés de la NASA horrifiés ont courageusement averti PETA des cruautés infligées à des singes pour le projet Bion 11 mené par les Etats-Unis, la Russie et la France. Ce qu’ont découvert les enquêteurs est un nouveau cauchemar pour les animaux.
Le octobre prochain, en Russie, des singes seront envoyés dans l’espace afin d’étudier les effets de l’apesanteur et des voyages spatiaux sur les cosmonautes, notamment la perte de masse osseuse et musculaire, le mal de l’espace ainsi que les problèmes d’équilibre au retour sur terre. Ces singes subiront six lourdes opérations afin d’implanter électrodes dans leur cerveau, leurs muscles et leur abdomen. Les fils électriques passent sous la peau et ressortent de leur petit corps par un trou dans le dos. Des fils sont aussi cousus sur leurs globes oculaires et on leur coupe la queue pour que leur corps s’adapte à la forme du siège métallique auquel leurs bras et leurs jambes sont attachés tout le temps de l’expérience (environ deux semaines). Huit vis sont posées dans leur tête. Un circuit central est incrusté et cimenté au sommet du crâne pour enregistrer les données fournies par les implants.
Les enquêteurs et les employés de la NASA ont apporté des preuves sur les actes de cruauté subis par les macaques : plus d’une douzaine déjà sont morts par manque de soins.
SUR TERRE, DEJA !
L’enquête du Bureau de l’Inspection Générale de la NASA a également prouvé que : les singes ont de telles plaies dues aux fils électriques implantés dans leur corps que certains d’entre-eux ont dû être euthanasiés. Mais ils n’ont connu cette délivrance qu’après avoir enduré ces souffrances pendant trois ans !
Les singes ne reçoivent aucun médicament pour soulager leurs atroces douleurs après les opérations chirurgicales ; Un expérimentateur tua un singe en lui perçant le crâne trop profondément avec les vis. D’autres singes sont morts de déshydratation par absence de soins. Deux ont péri de soif ; une longe agonie parce que les animaliers n’avaient pas vu que leurs pipettes étaient bouchées. C’est dire s’ils regardent avec conscience professionnelle… Le rapport d’enquête recommande une suspension du projet pour lequel le directeur, David Tomko, « fit preuve de peu de sens des responsabilités ».
L’OPINION D’UN SPECIALISTE
Le 10 mai 1996, le docteur Robert Hoffman, neuro-psychiatre diplômé de l’université de Stanford, a donné son avis sur le projet Bion 11. En voici le résumé explicite. « Mon opinion est que le projet Bion ne contribuera pas à améliorer la santé des astronautes. Tout cet argent pourrait être dépensé bien plus utilement » . Quant à l’étude de l’atrophie des muscles due à l’apesanteur, « les informations générées par Bion seraient plus qu’inutiles, elles seraient trompeuses ». En effet, les singes envoyés dans l’espace pendant deux semaines seront complètement immobilisés (pour des raisons pratiques : s’ils ne sont pas attachés, ils arracheront les fils électriques qui les font tant souffrir). Comment les comparer aux astronautes qui eux bougent et font de l’exercice pendant leurs missions ?
Le projet entend également étudier le mal de l’espace, or c’est aussi un problème de fonctionnement du cerveau qui ne peut s’étudier en implantant des électrodes dans les muscles et qui, de plus est faussé par l’immobilisation des singes. Par ailleurs, les problèmes d’équilibre au retour sur terre s’estompent au bout de quelques jours, « pourquoi dépenser tant d’argent pour une chose aussi triviale ? »
Le Docteur Hoffmann conclut : « Ce sont des créatures d’une grande intelligence qui vont être appareillées de manière très lourde, immobilisées pendant des semaines et placées dans des situations traumatisantes où les choses se passent souvent mal, comme ce fut le cas dans les précédents projets Bion. Il faut aussi considérer le manque de réglementations protégeant les animaux en Russie… »
Par contre, récemment, lors d’un vol de navette, l’ingénieur Jean-Jacques Favier a eu le courage d’accepter d’être étudié pour faire progresser la connaissance des réactions du corps humain aux voyages spatiaux. Il est même allé jusqu’à se faire prélever un morceau de muscle pour ces expériences. Nous l’en remercions.
Nous regrettons que le CNES (Centre National des Etudes Spatiales) se sente obligé d’expérimenter sur des singes. Les astronautes ont déjà passé 400 jours consécutifs dans l’espace et les scientifiques possèdent sur leurs réactions des données s’étendant sur 35 ans. Les publications sur l’apesanteur font ressortir des différences, même entre homme et femme, dans des réactions à la microgravité. Les énormes différences physiologiques entre les humains et les macaques rendent le projet Bion indéfendable. Des tests sur l’homme, dans le but d’étudier l’homme et de mieux répondre à ses besoins spécifiques, viennent d’être accomplis et l’avaient été par le passé, notamment avec le programme Spacelab Life Sciences en 1991.
UN AUTRE ARGUMENT DE POIDS
Les amis des animaux ne sont pas les seuls à protester contre le projet Bion 11. Les associations américaines de défense des contribuables protestent également. En effet, ce projet, financé par nos impôts, va coûter 33 millions de dollars, sans que l’ont ait pour l’instant la répartition des financements. Ces associations affirment que le projet Bion 11 va uniquement être l’objet d’expériences déjà réalisées cinq fois auparavant par d’autres projets Bion. Il s’agirait plus d’une affaire de gros sous que de recherche scientifique… et bien sûr, ce sont les animaux qui sont en première ligne pour payer.
Cette campagne nous tient d’autant plus à cœur que nous venons de rendre la liberté à des macaques comme ceux utilisés dans le projet Bion. Tous les animaux méritent de la compassion, mais nos proches cousins payent très cher cette parenté qui ne tient guère la route sur le plan scientifique. Pitié pour eux !
MACAQUES : MORALE ET COURAGE
Carl Sagan, astrophysicien et auteur avec Ann Druyan du livre américain « les Ombres de nos ancêtres oubliés », raconte une atroce expérience où des singes furent obligés de choisir entre la privation de nourriture et l’administration d’électrochocs à leurs congénères. Presque tous les singes se privèrent de manger pendant 2 semaines plutôt que de faire souffrir les autres. Sagan écrivit « Ces macaques qui n’ont jamais entendu parler des dix commandements, jamais assisté à un cours d’éducation civique, ont un grand courage dans leurs positions morales et leur résistance à ce qui est mal. Si les rôles étaient inversés et que des macaques scientifiques offrent un choix identique à des êtres humains captifs, ferions-nous la même chose ? »