Multiplication des cancers, milliers de morts dus à des médicaments, pollutions, disparitions d’espèces… chaque jour, les scientifiques démontrent que le modèle animal ne permet pas d’établir avec fiabilité les conséquences d’un produit chimique ou d’un médicament sur l’être humain ou la nature. One Voice milite pour de nouvelles pratiques en matière de toxicologie.
Un premier pas a été franchi dans ce sens avec la loi européenne REACH
La toxine botulique, à l’origine du plus célèbre des antirides, est un poison dangereux. Cette neurotoxine produite par une bactérie, la Clostridium bolutinum, à l’origine du botulisme, maladie provoquée par la consommation d’aliments avariés, tue… des milliers de souris pour sa mise au point. Qui peut certifier qu’une utilisation au long cours ne provoquera pas la paralysie des muscles des femmes qui ne peuvent plus s’en passer ? Qui a prévu les conséquences dramatiques sur la santé humaine, ou sur la nature, de certains médicaments (Thalidomide, vaccin contre l’Hépatite B, Isoméride, Cerebrex, Vioxx etc.), insecticides (Gaucho) qui ont fait l’objet de tests sur des animaux ? Il semble bien que les répercussions, réelles et potentielles, de nombre de substances ne peuvent être définies à partir du modèle animal. Les preuves de la pertinence scientifique des tests de toxicologie sur l’animal sont très minces, voire inexistantes. Une étude en Europe a révélé que sur 100 000 produits chimiques, 98 % avaient des effets inconnus sur les populations humaines. Malgré les tests sur animaux, les effets indésirables des médicaments tuent chaque année 120 000 personnes dans la Communauté européenne et 100 000 personnes aux Etats-Unis. Le modèle animal est peu fiable. Aujourd’hui, il est même obsolète. En effet, la théorie de l’évolution et les progrès en matière de biologie cellulaire et moléculaire ont mis au jour les différences entre espèces et invalident de fait les extrapolations d’une espèce à l’autre (C. Ray Greek, Specious Science: How Genetics and Evolution Revealed Why Medical Research on Animals Harms Humans, Continuum, 2002).
Pour de nouvelles pratiques dans la recherche de toxicité
Plutôt que de continuer à sacrifier des millions d’animaux, souvent après leur avoir fait endurer de terribles souffrances, One Voice défend d’autres pratiques scientifiques en matière de recherche de toxicité comme le recours à des méthodes substitutives, telle la Toxicogénomique dont elle a financé la démonstration et qui a été reconnue dans le cadre de la Loi Reach, ou la biologie moléculaire qui évitent de travailler directement sur les animaux vivants. Le partage des données existantes, outre le fait d’épargner la vie des animaux, permettrait de s’assurer de la fiabilité d’un test en comparant les informations… et éviterait parfois le lancement d’une substance à risque. Il a en effet été établi, suite à la comparaison des résultats de tests sur animaux visant à évaluer le caractère cancérogène de substances chimiques (par absorption chez les rongeurs), que près de la moitié des résultats enregistrés différait d’un laboratoire à l’autre. Le développement et l’utilisation de méthodes in vitro, plus fiables et moins coûteuses, et la limitation de l’utilisation de substances chimiques compléteraient ce dispositif à même de répondre aux exigences de sécurité préalables au lancement d’un produit. Seule une évolution de la loi et de la communauté scientifique sera à même de déraciner des pratiques aujourd’hui dépassées au profit de méthodes de pointe plus humaines.
REACH
Devant les inquiétudes grandissantes des citoyens européens face aux répercussions des substances chimiques, l’Europe a voté une Loi relative à l’enregistrement, l’évaluation et l’autorisation des produits chimiques (REACH). Entré en vigueur en juin 2007, ce programme prévoit, notamment, de tester la toxicité en favorisant les méthodes substitutives. Une agence centrale prendra désormais en charge l’enregistrement des substances chimiques produites ou importées en Europe à plus d’une tonne par an. Des experts évalueront les risques. Parmi elles, les substances dites extrêmement préoccupantes, dont la production ne peut être sécurisée, devront être identifiées et progressivement éliminées. Il s’agit de substances cancérigènes, mutagènes, toxiques, à la biodégradabilité limitée ou inexistante. 20 000 des quelque 30 000 produits chimiques entrant dans le cadre de REACH seraient testés par des méthodes n’utilisant pas les animaux. Un premier pas vers l’abolition des expérimentations animales.
« La probabilité de coïncidence de résultats expérimentaux sur les animaux et sur l’homme est si mince qu’elle est comparable à un jeu de hasard. Néanmoins, nous parions des millions de dollars chaque année sur ce jeu improbable de roulette. »
Professeur Herbert Hensel, physiologiste, Université de Marburg
LE LD50 : TEST DE LA MORT
Pour mettre au point l’antiride le plus répandu dans le monde, les chercheurs ont recours à la méthode appelée LD50, pour « Dose Létale tuant 50 % des animaux ». Pour déterminer la dose de toxine botulique sans conséquences pour le corps humain, ces tests sont pratiqués sur les souris. Le but est de déterminer quelle dose provoque exactement la mort de la moitié des souris utilisées pour le test. Elle s’exprime en milligrammes de matière active par kilogramme d’animal. Cette dose n’est valable que pour une espèce précise et un mode d’introduction précis dans l’organisme (ingestion, inhalation, application cutanée). Chaque produit ainsi testé doit se rapporter à un échantillon de 20 animaux, au minimum. Selon le rapport statistiques 2004 du Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, 3 886 rats et souris ont été soumis à ce test de la mort. (cf. page 36 dr rapport)
Extrait de l’article 13, du projet de Loi REACH, modifié et voté en 2e lecture par la Commission: « Des informations sur les propriétés intrinsèques des substances, en particulier sur leur toxicité pour l’espèce humaine, sont autant que possible produites par d’autres moyens que des essais sur des vertébrés, notamment par le recours à des modèles de relations qualitatives ou quantitatives structure/activité ou par l’exploitation de données sur des substances structurellement proches (regroupement ou références croisées), pour autant que les conditions énoncées à l’annexe XI soient respectées, ou par la toxicogénomique. […] »