Après avoir interdit pendant plus de vingt ans l’exportation de ses singes, la Malaisie s’apprête à l’autoriser de nouveau. Experts et associations de défense des animaux se mobilisent.
Devant les effroyables traitements infligés à ses macaques à longue queue dans les laboratoires américains, le gouvernement malais prenait en 1984 une décision exemplaire : l’interdiction totale d’exporter des singes pour l’expérimentation. Aujourd’hui, il semble sur le point de faire marche arrière en levant l’embargo, ouvrant ainsi la porte à toutes les maltraitances et trafics possibles. 750 singes détenus dans des conditions consternantes ont ainsi été saisis chez un revendeur ne détenant aucune autorisation.
Mesures alternatives
Si tous s’accordent à dire que la surpopulation des singes dans les zones urbaines est source de nuisances, associations, scientifiques et experts réfutent l’exportation comme solution au problème. Inhumaine, source de souffrances, voire de mort, elle est aussi inefficace à long terme. Les experts ont développé une série de mesures alternatives, capables de permettre aux hommes et aux singes de vivre durablement en harmonie : délocaliser les animaux dans des zones leur permettant de se nourrir et s’épanouir et situées au minimum à 20-30 kilomètres du lieu où ils opèrent actuellement et stériliser les femelles, entre autres. La réussite de telles mesures passe aussi par un vaste programme d’éducation permettant de changer le comportement des citoyens. L’attitude des animaux est en effet le fruit de comportements humains inadaptés, comme donner de la nourriture ou encourager par une attitude amicale les animaux à s’installer dans les espaces de vie des humains. Protéger les ouvertures des habitations, stocker la nourriture et les détritus hors de la portée des animaux, mettre en place des systèmes sonores effrayant les intrus… sont quelques unes des mesures susceptibles de mettre fin, tout en respectant les animaux, aux conflits opposant hommes et singes dans de nombreuses villes de Malaisie. D’autant plus, qu’elles ont porté leur fruit dans d’autres pays confrontés au même problème, en Inde par exemple.
Faire entendre la voix de la « sagesse »
Le gouvernement malais semble, pour l’instant, sourd aux préconisations des experts. Le 17 août dernier, le ministre des ressources naturelles et de l’environnement a annoncé l’autorisation de la capture et de l’exportation des singes pour l’expérimentation et l’alimentation. Les associations nationales et internationales, soutenues par les experts, se mobilisent pour faire entendre la voix de la « sagesse » par l’envoi massif de lettres de protestation aux gouvernement et ambassades de Malaisie. One Voice invite ses militants et sympathisants à manifester par écrit leur opposition à l’exportation de singes de Malaisie.
Le 2 février 2008, suite à la campagne menée par les associations, la Malaisie a renoncé à autoriser les exportations de primates vers les laboratoires.