Une enquête est ouverte sur un rapport de la Commission européenne concernant la recherche sur les primates. Ce rapport est manifestement partial et en faveur de l’expérimentation sur ces animaux. Il ne prend pas en compte l’intérêt des méthodes alternatives.
Plainte déposée en 2009
Fin janvier 2010, le médiateur européen a lancé une enquête sur un rapport de la Commission européenne concernant l’expérimentation sur les primates non humains. Ceci résulte de la plainte soumise en octobre 2009 par la Coalition européenne pour mettre fin à l’expérimentation animale, dont One Voice est le représentant français. La Coalition considère que ce rapport est scientifiquement tendancieux, en faveur de la recherche sur les primates.
Le commerce et l’utilisation de primates non humains pour la recherche est un sujet brûlant dans le cadre de la révision de la directive européenne sur la protection des animaux utilisés pour l’expérimentation. Cette révision touche à sa fin, le conseil des ministres va bientôt se prononcer.
En mai 2008, la Commission européenne a demandé au Comité scientifique sur la santé et les risques scientifiques (SCHER) de mener une enquête sur l’expérimentation sur les primates non humains et ses alternatives. Ceci répondait à une déclaration signée en 2007 par 433 ministres européens demandant à la Commission de faire des propositions pour remplacer les primates dans la recherche.
Un groupe de travail contestable
Les propositions de la Commission, basées sur le rapport du SCHER qui défend l’utilisation de primates non humains et minimise les alternatives, n’envisagent pas d’interdiction. Dans un courrier adressé à la Coalition européenne pour mettre fin à l’expérimentation animale, le 28 janvier 2010, le médiateur européen explique qu’il a demandé à la Commission de répondre aux allégations de la Coalition :
– la Commission ne s’est pas assurée que le groupe de travail constitué par le SCHER avait suffisamment d’expertise dans le domaine de la recherche sur les primates non humains ;
– elle n’a pas vérifié que le SCHER avait pris en compte les arguments sur l’efficacité de la recherche sur les primates non humains et ses alternatives.
Dans sa plainte, la Coalition explique que ni le SCHER, ni le groupe de travail n’avaient l’expertise nécessaire. La majorité des membres du groupe de travail était des chercheurs expérimentant sur des animaux. Un seul membre avait une expertise – limitée – concernant les alternatives à l’utilisation de primates non humains.
Par ailleurs, la Commission considère que les scientifiques travaillant sur les alternatives ne sont pas qualifiés pour intégrer ses groupes de travail, alors que ceux qui expérimentent sur des animaux le sont.
Des données majeures ont été ignorées
La Coalition souligne que le SCHER a ignoré des données majeures connues des associations de défense animale et des associations de sécurité des patients, qui mettent en doute, preuves à l’appui, les résultats des travaux menés sur les primates non humains. Ceci concerne des affections comme le sida, la maladie de Parkinson, le paludisme…. Aucun des 85 candidats-vaccins contre le sida, efficaces chez les primates, n’a fonctionné chez les humains.
De même, le SCHER ne s’est pas intéressé aux éléments sur l’existence et l’application potentielle de méthodes alternatives, dont la neuro-imagerie et la modélisation par ordinateur.
La Coalition et One Voice se réjouissent de l’ouverture de cette enquête. Il est inacceptable que la Commission européenne n’ait examiné qu’une partie du sujet dans ce rapport, issu d’un groupe de travail contestable. Malheureusement, les délais font que les résultats de l’enquête risquent de n’être connus qu’après la révision de la directive, donc trop tard pour avoir un impact. C’est pourquoi One Voice et la Coalition demandent au médiateur de considérer cette enquête comme une urgence.