Une de nos adhérentes a récemment reçu un courrier d’une marque connue de cosmétiques. Elle lui avait écrit pour demander très précisément si les produits qu’elle commercialise sont testés sur les animaux, soit au niveau du produit fini, soit au niveau des ingrédients, et la réponse qu’elle a reçue l’a convaincue qu’elle avait affaire à une marque qui pourrait être intégrée à la liste des produits recommandés par la Coalition Européenne pour mettre fin à l’expérimentation animale. Erreur ! Voyant cela, nous nous sommes dit qu’il était temps de mettre en garde contre certaines formules qu’emploient les fabricants de produits cosmétiques pour « noyer le poisson ».
Décodage
On retrouve en effet plus ou moins les mêmes termes dans la plupart de leurs courriers, ce qui donne à penser que les réponses ont été longuement étudiées et établies sur le conseil d’un syndicat ou d’avocats, ou des deux… Cela fait longtemps que nous nous étions rendu compte de la similitude des réponses faites par des marques n’ayant en apparence rien en commun, si ce n’est qu’elles utilisent encore des ingrédients testés sur les animaux. Ces réponses, très habilement tournées, risquent de vous faire croire -comme l’a cru en toute bonne foi notre adhérente- que les produits de la firme en question ne sont plus testés sur les animaux ; c’est pourquoi nous vous proposons de lire attentivement nos commentaires pour « décoder » les leurs. Et de faire passer le message pour que d’autres déjouent aussi ces ruses commerciales visant à vous rassurer indûment !
Sensibles ?
« Nous sommes très sensibles à votre demande qui témoigne de votre intérêt pour nos produits et de votre confiance en notre maison pour apporter un terme aux essais sur les animaux. »
Si notre adhérente avait eu une confiance totale, elle n’aurait pas écrit ! Mais c’est un procédé commercial bien connu de tenir pour acquise la confiance du client. En fait, on commence déjà à vous « embobiner » en vous « passant la pommade » au sens figuré… pour ensuite mieux vous la vendre au sens propre.
Respectueux ?
« Respectueux comme vous-même de la vie animale, nous sommes engagés depuis des années dans le développement (ou la mise en pratique) des méthodes substitutives in vitro capables d’assurer parfaitement la sécurité des utilisateurs. »
C’est le cas aujourd’hui de la plupart des marques ; tous les industriels de la cosmétique connaissent et utilisent les méthodes in vitro pour tester les produits finis, ou les formulations.
Ce qu’ils se gardent bien de dire, c’est que leurs fournisseurs d’ingrédients recourent principalement à l’expérimentation animale, et que s’ils sont eux-mêmes créateurs d’ingrédients, ceux-ci sont testés sur animaux pour la majorité.
Et pour aller plus en amont, toute molécule nouvelle est testée sur les animaux. C’est pourquoi tout nouveau produit sensé « révolutionner » la cosmétique, soit pour que nos cheveux soient encore plus brillants, ou que nos rides « disparaissent », a toutes les chances d’avoir à la base une molécule nouvelle, ou un ingrédient nouveau, et a donc impliqué des tests sur les animaux. Et n’oubliez pas que les « nouveautés », réelles ou prétendues, sont la base du marketing : ça fait vendre, et c’est bien ce qui compte… dans le chiffre d’affaires.
Naturels ?
« Cette démarche nous a paru toute naturelle, ainsi qu’à d’autres grandes firmes françaises. »
« Cette démarche nous a paru toute naturelle, ainsi qu’à d’autres grandes firmes françaises. » En tout cas, il faudrait demander aux centaines de milliers de militants qui se sont mobilisés dans le monde entier s’il leur a semblé tout naturel d’être obligés de manifester, d’envoyer des millions de pétitions au Parlement Européen pour obtenir un début de résultat, c’est-à-dire l’abandon progressif de l’expérimentation animale pour les produits finis (même pas encore pour les ingrédients !). Et n’oublions pas que les firmes cosmétiques exercent elles aussi de fortes « pressions contraires » à Bruxelles pour qu’il n’y ait pas d’interdiction de tests animaux pour les produits finis, ce qui veut bien dire qu’elles n’ont pas l’intention de renoncer à l’expérimentation animale avant longtemps.
Associatifs ?
« Nous sommes membres de l’OPAL (Œuvre d’Assistance aux Animaux de Laboratoire). »
Tiens, tiens ! On peut se demander ce que fait à l’OPAL une entreprise qui n’aurait rien à voir avec l’expérimentation animale… Quant à nous, et c’est plus qu’une nuance, nous n’assistons pas les animaux de laboratoire: nous cherchons à ce que plus aucun animal ne serve dans les laboratoires.
Sans expérience ?
« Actuellement, notre laboratoire de recherche n’a pas un seul programme de développement faisant appel à l’expérimentation animale. »
Oui, mais « programme de développement » signifie logiquement mise au point de nouvelles formules (ou produits finis) et ce laboratoire de recherche peut parfaitement utiliser des ingrédients nouveaux achetés à une firme spécialisée, et qui ont été tout récemment testés sur les animaux, directement ou en sous-traitance.De plus, veuillez remarquer qu’aucune précision n’est apportée au niveau des ingrédients de base.
Testés, mais à l'extérieur
Certaines firmes plus claires que d’autres au niveau de l’information – et c’est tout à leur honneur – reconnaissent que si leurs produits finis et les ingrédients provenant de leurs propres laboratoires ne sont pas testés sur les animaux, certains ingrédients achetés à l’extérieur sont testés sur les animaux. Il s’agit surtout de firmes dont la publicité est basée sur « la nature » ou les plantes, et sur lesquelles vous nous interrogez souvent. Nous regrettons beaucoup que ces firmes n’aient pas pour le moment le désir de renoncer à ces nouveaux ingrédients, qui causent tant de souffrances animales. Nous espérons qu’elles changeront d’avis et adhéreront bientôt à la charte des produits cosmétiques agréés par la Coalition Européenne.
Liste des courses
Mais face au double langage et à l’hypocrisie de certains, nous ne pouvons que vous inciter à la méfiance ! Il est nécessaire de rappeler que les marques qui figurent sur la liste de la Coalition Européenne se sont engagées par contrat à ne pas utiliser d’ingrédients nouveaux dans la composition de leurs produits (sauf si ceux-ci sont testés par des méthodes substitutives) et qu’il existe actuellement environ 8000 ingrédients (ça fait déjà beaucoup et c’est bien suffisant pour avoir une belle peau) à la disposition des industriels de la cosmétique pour créer de nouvelles formules. Nous espérons vivement que de nombreuses marques vont se joindre à nous dans un avenir proche, mais en attendant, il est certain que seules les entreprises ayant adhéré aux critères de la Coalition Européenne vous garantissent de ne pas subventionner par vos achats l’expérimentation animale. À vous de jouer..